Dérivé du grec ancien, composé d’un "a" privatif et de logos (la parole, le discours et par extension la rationalité ou le sens du discours), le terme signifie la perte de la faculté de parler ou plus exactement de produire un discours. Il faut la distinguer du terme "aphasie" qui est la perte de l’usage de la parole d’origine neurologique (par «lésion» du cerveau comme dans un accident vasculaire cérébral).
L’alogie se manifeste par une lenteur dans les réponses, une augmentation du délai avant les réponses, une difficulté à répondre... Souvent les réponses sont brèves et évasives. A l’extrême, il peut même exister des barrages : l’intéressé est interrompu dans sa pensée et sa réponse. Ces barrages se manisfestent par une suspension de la parole et du discours, parfois de plusieurs dizaines de secondes, sans que l’intéressé donne l’impression de s’en émouvoir. Puis le discours repart, soit sur la même idée soit sur une autre idée qui n’a pas de lien avec la précédente. Le sujet manque de spontanéité et de conversation. Il donne l’impression que ses pensées sont pauvres, souvent stéréotypées (répétitives, redondantes,...) disant la même chose avec une difficulté à changer d’idées. L’impression globale est une pauvreté du discours.
L’alogie regroupe donc des pensées pauvres, stéréotypées, un manque de spontanéité et de conversation, une pauvreté du discours, une augmentation du délai avant la réponse ou une impossibilité à répondre et des barrages.
Les discussions sont limitées par des réponses retardées, brèves, laconiques et parfois elliptique : « oui, … je ne sais pas, … je n’ai pas la possibilité de vous répondre, … ». La conversation est réduite, appauvrie, souvent évasive. Les idées énoncées sont généralement répétitives et stéréotypées.
L’entourage déplore habituellement cet appauvrissement; il limite progressivement les échanges ou reste perplexe face aux réponses laconiques et évasives. Cela affecte la qualité des liens relationnels avec la famille, les amis et aussi les soignants.
Complètement d'accord | Un peu d'accord | Pas du tout d'accord | |
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Je n’ai pas autant à raconter que la plupart des gens | |||
Parler me demande 10 fois plus d’efforts que la majorité des gens |
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Thérapies cognitives et comportementales (TCC) | Voir la fiche |
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Stimulation Magnétique Transcranienne (TMS) | Voir la fiche |
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Nom de l'item | Echelle où est évalué cet item |
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Augmentation de la latence des réponses | SANS |
Temps prolongé à répondre | NSA |
Ralentissement/Latence du discours | HEN |
Manque de spontanéité et diminution du flux verbal | PANSS |
Discours ralenti | SAPNS |
Peu de réflexion (incapable d’élaborer des réponses) | EBS |
Discours pauvre en contenu | NSA |
Contenu du discours | NSRS |
Pauvreté du contenu du discours (idéique) | SANS |
Pauvreté du contenu | SAPNS |
Discours réduit en quantité | NSA |
Manque de conversation | SRFSS |
Réduction quantitative du discours | HEN |
Quantité de discours | SRFSS |
Pauvreté du discours | SANS |
Pauvreté du discours | SDS |
Pauvreté du discours | SRFSS |
Pauvreté du discours | K-MS |
Alogie | MASS |
Elaboration spontanée | BNSS |
Expression : discours | CAINS |
Appauvrissement de la pensée | HEN |
Pensée stéréotypée | PANSS |
Barrages | SANS |
Evaluation globale de l’alogie | SANS |
Evaluation globale du discours | HEN |
Eugen BLEULER (1911 dans "La démence précoce ou le groupe des schizophrénies"). En nommant la maladie «schizophrénie », BLEULER tient à insister sur la dissociation qui marque la pensée en altérant le cours de cette dernière. Et cette altération se traduira essentiellement par la parole, reflet privilégié de la pensée. BLEULER posera ces troubles de la pensée et de la parole parmi les quatre symptômes fondamentaux de la maladie. Toutes les anomalies sont possibles, en positif ou en négatif. Pour le versant négatif, la parole ( et donc la pensée) se trouvera affectée dans sa spontanéité, son rythme ( ralentissement ) dans son contenu ( pauvreté ) sa logique ( diffluence, égarement ), son enchaînement (alogie qui se définit comme la perte de l’enchaînement des idées.). Avec cette notion de dissociation (Spaltung) BLEULER reprenait les travaux de Philippe CHASLIN qui décrivait chez le schizophrène, une «discordance» touchant les secteurs idéo-verbaux, affectifs et comportementaux.
AUGMENTATION DU DELAI DE REPONSE, N’ARRIVE PAS A REPONDRE : Pierre JANET (1886 dans "Premiers écrits psychologiques") en décrivant le syndrome dissociatif, bientôt repris par BLEULER et sa notion de « dissociation « décrit les symptômes de la sphère idéo-verbale (à côté des symptômes affectifs et comportementaux) et il décrit cet engluement idéo-verbal, témoin d’une pensée qui s’enlise et d’un langage qui tarde à livrer son contenu, englué lui-même dans le processus dissociatif. Un degré de plus et on relève cette impossibilité à élaborer un contenu cohérent véhiculé par un langage délié.