Troubles des interactions sociales

Thème

Troubles de la socialisation

Sous-Symptômes

  • Troubles des interactions sociales
  • Isolement social actif
  • Difficulté de communication
  • Mauvais contact visuel
  • Évitement du regard

Définition

Le trouble des interactions sociales se définit par des difficultés de communication verbale et non-verbale du patient souffrant de schizophrénie. La communication non-verbale peut être entravée par des perturbations de la mimique et de la gestuelle:

  • un parasitisme mimique: expression faciale discordante par rapport au contexte;
  • échomimie: répétition des mots ou paroles de son interlocuteur;
  • stéréotypies: gestes répétés de manière stéréotypée et incongrue;
  • échopraxie: répétition en miroir de certains gestes d’autrui;

La communication non-verbale est pertubée par un trouble de contact visuel (évitement du regard) ou de la prosodie (timbre et tonalité de la voix) qui apparait maniérée. La communication verbale est susceptible d’être perturbée par des anomalies de l’élocution, de la syntaxe ou de la sémantique:

  • barrage: suspension brutale et inexpliquée du discours, considérée  comme pathognomonique du trouble schizophrénique;
  • fading: ralentissement, au cours d’une phrase, de l’élocution dont l’articulation devient inaudible; 
  • agrammatisme et dyssyntaxie;
  •  néologismes: nouveaux mots qui n’ont de sens que pour le patient;
  • paraphasie: utilisation d’un mot pour un autre.

A l’extrême, le langage, peut devenir totalement incompréhensible et constituer ce que Kraepelin appelait la « schizophasie ». Ces sujets n’ont pas nécessairement conscience de leur trouble du langage et des difficultés de communication qui en résultent.


Les mots pour le dire - Expression

Ce qu'expriment les patients

  • « …Je ne me sens pas comme les autres, alors je me replie… »
  • « …On se sent bizarre, on ne peut pas de se dire « je suis comme tout le monde », donc forcément, repli… »
  • « …Je n'ai pas autant à raconter que les gens normaux… »
  • « …Quand je suis confronté aux autres, je n'arrive plus à parler. Ça me demande 10 fois plus d'efforts que la majorité des gens… »
  • « …Avec les amis et les proches j'ai envie de dire des choses, mais ça ne sort pas… »
  • « …Je ne vais pas aux repas de famille, parce qu’on va dire “Alors, t’en es où ?“… »
  • « …S'il y a plusieurs personnes, ça devient très compliqué… »

Ce qu’en disent les proches

  • « …Il a très peu d'amis, perte d'élan social… »
  • « …Il est dans la négativité: "je ne veux plus"… »
  • « …Il ne prend pas les transports en commun seul… »
  • « …C'est presque impossible de savoir s’il est triste, s’il est heureux, si ça lui plaît, si ça lui plaît pas. Vous lui proposez n’importe quoi, il vous dit oui à tout… »
  • « …Dans son regard, ce que je vois, c’est qu'elle est absente. Comme si on était pas sur la même planète… »
  • « …Il parlait vraiment très, très peu. Il répondait aux questions, mais sans vraiment alimenter la conversation… »
  • « …Quand elle est sur le point d’entamer la conversation, le sujet a changé. Elle est toujours décalée par rapport aux autres… »

Conséquences dans la vie de tous les jours - Retentissement

Le trouble des interactions sociales est un important facteur d’incommunicabilité, souvent générateur de malentendus dans les relations interpersonnelles et qui contribue à l’isolement social des patients qui souffrent d’un trouble schizophrénique. Il participe à la mauvaise qualité du contact des personnes atteintes de schizophrénie. Certains symptômes, qui affectent le langage ou l’expression non verbale, sont déroutants pour les interlocuteurs d’un sujet souffrant de trouble schizophrénique. Ils accentuent l’impression d’étrangeté et peuvent susciter des moqueries et donc être des facteurs de stigmatisation, par leur bizarrerie. 


Auto-évaluation

Complètement d'accord Un peu d'accord Pas du tout d'accord
Sortir avec les copains ou la famille, cela ne me dit rien
Je ne cherche pas particulièrement à contacter et rencontrer des ami(e)s (courriers, téléphone, ou SMS etc…)
Je suis mal à l’aise lors de conversations avec les autres
J'attribue souvent aux autres des pensées, des intentions ou des sentiments qui ne sont pas les leurs
Score ≥ 6 ?
Parlez-en à votre médecin
Score
0

Cela peut aussi faire penser à ...

Dépression

-

+/-

+

++

+++
Syndrome extrapyramidal

-

+/-

+

++

+++
Troubles organiques

-

+/-

+

++

+++
Cannabis

-

+/-

+

++

+++
Autres drogues

-

+/-

+

++

+++
Légende
  • - A priori pas de lien attendu,
  • +/- peut (rarement et de manière atypique) être retrouvé,
  • + peut être retrouvé,
  • ++ il s'agit d'un problème potentiellement explicatif, donc à rechercher,
  • +++ il s'agit d'une confusion fréquente, donc toujours à éliminer,

Traitements

Traitement pharmacologique Voir la fiche
Thérapies cognitives et comportementales (TCC) Voir la fiche
Hygiène de vie Voir la fiche
Stimulation Magnétique Transcranienne (TMS) Voir la fiche
Remédiation Cognitive Voir la fiche
Psycho-Education Voir la fiche

Echelles qui évaluent le symptôme

Nom de l'item Echelle où est évalué cet item
Interaction réduite avec l’évaluateur
Interactions médiocres
Réclusion/retrait, évite le contact social
Interactions verbales avec l’équipe de soins
Pauvreté du contact visuel

Un peu d'histoire...

AUTISME Eugen BLEULER (1911 dans "Dementia praecox ou Le groupe des schizophrénies")

L’autisme signe secondaire est un repli dans un «monde pour soi» avec prédominance « morbide de la vie intérieure » ou «pathologique de la vie interne», aux dépens des relations avec le monde extérieur (détachement de la réalité).

L’autisme offre un ensemble de tableaux cliniques où l'affaiblissement intellectuel n'est pas toujours présent mais qui ont en commun une défaillance du mécanisme associatif, un défaut de cette capacité de fixation mentale sur un but. Le malade reste en prise avec des affects divers coexistant parallèlement. BLEULER parle sur cette base de morcellement de la personnalité en fragments, il utilisa le terme "spaltung", que l'on a traduit par clivage, ce qui définit aussi le syndrome dissociatif on parle aussi d'angoisse de morcellement. Il distingue dans ces symptômes secondaires trois "modes" de confrontation avec la réalité :

  • L'écarter ou l'ignorer : c'est ce qu'il appelle l'autisme.
  • La reconstruire (il parle de psychoses hallucinatoire).
  • La fuir (comportement de désocialisation, ou de plaintes somatiques délirantes (hypochondrie).

BLEULER précise que pour le "schizophrène autiste", le « défaut de rapport affectif » ne correspond pas à une « perte de la fonction du réel », mais du maintien d'un monde à soi, d'où le terme autisme du grec auto, soi-même

KANNER (1943) l’autisme n’est pas seulement une conséquence tardive du processus schizophrénique mais inversement comme un tableau spécifique, une entité à part entière, primaire, précoce, néonatale. ASPERGER (1944) insiste sur cette persistance dans le temps de la personnalité autistique.