Les deux composantes de l'émoussement affectif sont émotionnelles et expressives. Les personnes atteintes de schizophrénie peuvent présenter un émoussement, un appauvrissement des émotions, voire un manque d’émotions face aux situations rencontrées. Elles réagissent peu, voire sont distantes face aux réflexions, aux situations, aux gens, aux motivations ou aux buts poursuivis. Elles donnent l’impression d’être détachées, indifférentes, et peu réactives. La mimique est froide, peu expressive, avec peu de mouvements faciaux et peu d’émotions exprimées sur le visage.
La composante émotionnelle étant diminuée, les manifestations comportementales de l’expression des émotions diminuent fortement. Les sujets apparaissent distants, détachés, ayant des difficultés à se motiver même s’ils sont sollicités. Ils sont peu impliqués dans la communication avec les autres. La communication montre une monotonie de la voix et de ses variations donc de la prosodie, la voix est peu puissante, monocorde, difficile à entendre parfois. Il y a très peu d’expression gestuelle des émotions, une diminution de la mimique, un aspect fixe, voire figé et peu réactif. Au total, les patients peuvent montrer une indifférence aux sollicitations, une froideur et une négligence face aux nécessités relationnelles mais aussi personnelles, sans expression émotionnelle.
La personne paraît froide et distante, peu impliquée voire indifférente aux événements. L’absence d’implication émotionnelle pousse à abandonner de multiples tâches quotidiennes ou relationnelles, et amène à l’isolement par absence d’émotions.
L’absence d’expression émotionnelle est difficile à comprendre et à accepter par l’entourage du sujet. La parole perd de sa modulation, est monotone, sans émotion. La mimique est froide, la gestuelle pauvre et ralentie.
L'émoussement des émotions favorise le rejet et l'isolement émotionnel. L’absence de réaction émotionnelle dans certaines situations qui devraient susciter soit une tristesse soit une gaieté par exemple, donne le sentiment d’une réaction discordante, bizarre, inadéquate. L’émoussement des émotions entraine un isolement progressif (fréquemment assorti d'une baisse de l’activité sexuelle). De plus, le manque d’implication émotionnelle dans les activités quotidiennes pousse la personne à s’en désintéresser et cette attitude irrite souvent l’entourage. Au total, cela aboutit souvent à une attitude de rejet par incompréhension devant l’absence de réaction émotionnelle.
Complètement d'accord | Un peu d'accord | Pas du tout d'accord | |
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On me dit que je ne parais ni triste ni gai et que je ne me mets pas souvent en colère | |||
Il y a plein de choses gaies ou tristes dans la vie, mais je ne me sens pas concerné | |||
Regarder un film triste ou gai, lire ou écouter une histoire triste ou gai ne me donne pas spécialement envie de pleurer ou de rire | |||
Il n’est pas facile pour une personne de connaître mes émotions |
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Hygiène de vie | Voir la fiche |
Stimulation Magnétique Transcranienne (TMS) | Voir la fiche |
Remédiation Cognitive | Voir la fiche |
Psycho-Education | Voir la fiche |
Nom de l'item | Echelle où est évalué cet item |
---|---|
Absent, superficiel, humeur incongrue | EBS |
Apparence déprimée | SAPNS |
Emoussement affectif | BPRS |
Emoussement affectif | SAPNS |
Emoussement affectif | PANSS |
Appauvrissement des affects | SDS |
Retrait affectif | BPRS |
Retrait émotionnel | PANSS |
Retrait émotionnel | HEN |
Absence de réponses affectives | SANS |
Perte des émotions/indifférence | SDSS |
Réponse émotionnelle | NSRS |
Absence de détresse normale | BNSS |
Monotonie de la voix | SANS |
Athymie ou affects incongrus | SRFSS |
Athymie ou affects incongrus | K-MS |
Voix invariante, monotone | EBS |
Expression vocale | BNSS |
Expression : prosodie vocale | CAINS |
Manque d’inflexion dans le discours | HEN |
Expression : gestuelle | CAINS |
Expressivité gestuelle réduite | NSA |
Expressivité des gestes | BNSS |
Diminution des mouvements spontanés | SANS |
Mouvement | NSRS |
Gestuelle co-verbale (mains) | MASS |
Réduction des mouvements expressifs | HEN |
Pauvreté de l’expression gestuelle | SANS |
Expression du visage | BNSS |
Incapacité à ressentir l’intimité | SEDS |
Expression : visage | CAINS |
Expression figée du visage | SANS |
Réduction de l’expression du visage | HEN |
Réduction de l’expression du visage | EBS |
Visage inexpressif | EBS |
Affect indépendant (manque de chaleur et d’empathie) | EBS |
Affect invariable (manque de modulation) | EBS |
Affect : variation d’intensité réduite | NSA |
Gamme émotionnelle réduite | SDS |
Gamme émotionnelle réduite | SEDS |
Affect : représentation à la demande réduite | NSA |
Affect peu profond/grossier | HEN |
Sourires à la demande | MASS |
Sourires spontanés | MASS |
Affect rétréci | HEN |
Affect rétréci (fourchette étroite) | EBS |
Emotion : gamme réduite | NSA |
Difficulté à susciter des émotions/absence de réponse | EBS |
Evaluation globale de la pauvreté affective | SANS |
Evaluation globale de l’affect | HEN |
EMOUSSEMENT DES AFFECTS /MANQUE D’AFFECT Emil KRAEPELIN
( Psychiatrie. 1887,1893,1896,1899,1909-1915) décrit chez les patients souffrant de « démence précoce », la perte ou le déficit de la vie affective dans son intensité. HASLAM en (1809 ) avait évoqué quant à lui « la sensibilité considérablement émoussée et l’indifférence affective » des schizophrènes pendant que GRESINGER (1865 ) insistait sur « l’inaccessibilité aux émotions des patients souffrant de folie affective fixe » et que STRANSKY ( 1904 ) insistait sur la dimension affective du trouble...DIDE et GUIRAUD quand à eux, (1929.Psychiatrie du médecin praticien) classeront plus tard l’ambivalence des sentiments et le sentiment pénible d’étrangeté dans les cinq symptômes fondamentaux de l’hébéphrénie. Ici l’accent est mis sur la dysharmonie des affects ou leur caractère concomitamment contradictoire. Citons enfin Jean DELAY ( 1946 . Les dérèglements de l’humeur) qui développe le concept d’hypothymie chez les schizophrènes ( l’opposant à l’hyperthymie des bipolaires) : « l’hébéphrénie ou démence précoce est une maladie spéciale des jeunes sujets dont le trait fondamental consiste en une hypothymie, affaissement du tonus instinctivo affectif de base qui conditionne l’humeur ».
PAUVRETE DE LA PROSODIE , VOIX MONOTONE, VOIX PEU PUISSANTE ; chez le patient souffrant de schizophrénie , le discours est vidé de toute émotion, de tout contenu affectif. Il paraît également dévitalisé, inerte et sans élan. Privé à la fois du relief de la participation instinctivo-affective et de l’élan vital qui le supporte habituellement, cette double défaillance détermine ce que DIDE et GUIRAUD (1922 dans "Psychiatrie du médecin praticien") ont défini sous le terme d’athymhormie, à la fois perte de la vie des sentiments et de l’élan vital. Cette athymhormie, pathognomonique de la maladie selon les auteurs, se retrouve également au plan intellectuel, instinctuel et comportemental.